* Chéri

Publié le par 67-ciné.gi-2009











Chéri romance de Stephen Frears



















avec :
Michelle Pfeiffer, Rupert Friend, Kathy Bates, Felicity Jones, Iben Hjejle, Frances Tomelty, Anita Pallenberg, Harriet Walter, Bette Bourne, Gaye Brown, Tom Burke, Nichola McAuliffe et Toby Kebbell


durée : 1h30
sortie le 8 avril 2009

***

Synopsis
Dans le Paris du début du XXème siècle, Léa de Lonval finit une carrière heureuse de courtisane aisée en s’autorisant une liaison avec le fils d’une ancienne consoeur et rivale, le jeune Fred Peloux, surnommé Chéri.
Six ans passent au cours desquels Chéri a beaucoup appris de la belle Léa, aussi Madame Peloux décrète-t-elle qu’il est grand temps de songer à l’avenir de son fils et au sien propre... Il faut absolument marier Chéri à la jeune Edmée, fille unique de la riche Marie-Laure.
Alors que le moment fatidique approche, Léa et Chéri tentent de se résoudre à cette séparation imminente tout en s’apercevant qu’ils sont beaucoup plus attachés l’un à l’autre qu’ils ne voulaient bien l’admettre.


***

Les courtisanes
Surnommées les grandes horizontales, les courtisanes étaient très en vogue dans le Paris de la fin du XIXe siècle.
Célèbres à travers le monde pour leur beauté, leur esprit, leur conversation et leur savoir-faire, ces demi-mondaines étaient au centre de la vie sociale et politique de Paris, divertissant les hommes les plus puissants des arts, de la noblesse et de l’État tout en restant isolées de la société dans leur monde clos.
Elles influaient sur la mode et leur train de vie ostentatoire soulignait l’opulence de leurs amants, très courues qu’elles étaient par les riches aristocrates européens qui se disputaient leurs faveurs.
Faveurs qui, bien sûr, n’étaient pas bradées. Les courtisanes les plus renommées amassaient d’énormes fortunes, grâce à de sages investissements et de judicieux achats de propriétés et de biens. Elles ne pouvaient monnayer que leur personnalité et leur beauté et les plus perspicaces d’entre elles savaient que leur prestige ne survivrait pas à leurs charmes.
Parmi les courtisanes les plus en vue de l’époque, il y eut Apollonie Sabatier, qui accueillit dans son salon des intellectuels tels que Baudelaire et Flaubert, Marie Duplessis qui fut immortalisée par Alexandre Dumas fils dans sa pièce La Dame aux camélias, Esther Pauline Lachmann qui fut connue sous le nom de La Païva et épousa le comte Henckel von Donnersmarck, et Cora Pearl, une Anglaise de naissance qui compta parmi ses amants le prince Napoléon, cousin de Napoléon III.


***

La reconstitution historique
Stephen Frears affirme se reposer entièrement sur ses chef-opérateur, décorateur et costumier. Ceux qui ont travaillé avec lui connaissent l’importance de sa contribution à l’élaboration de Chéri. Le compositeur Alexandre Desplat, Oscar de la meilleure musique pour la bande originale de The queen, déclare : “Quand il dit ne rien y connaître à la musique et à la déco, il ment ! Stephen sent intuitivement à quoi son film aspire et sait exactement ce qui fonctionnera quand tous les éléments s’imbriqueront. Pour ce qui est de la musique, par exemple, il ne me demande pas de changer un accord ou une note, il me dit de faire plus dur, plus sauvage ou plus spirituel. Il s’implique beaucoup.
En s’inspirant de la musique française des années 1900 - période féconde qui a vu l’ascension de Saint-Saëns, Debussy et Ravel - mais aussi de l’orientalisme et du mysticisme qui influençaient l’art et la culture de l’époque, Desplat a écrit une partition qui associe le raffinement de la composition française à l’exotisme des violons chinois.
Une partition réussie fait ressortir les émotions qui ne sont pas évidentes à l’écran, explique Alexandre Desplat. Chéri a une nature mélancolique, sensible et fermée, il ne sait rien de la vie, il suit le mouvement. La musique doit faire ressortir la sensualité du film : après tout, il s’agit d’un garçon de 19 ans qui ne sait pas grand-chose mais a une grande énergie sexuelle et d’une femme qui, à la quarantaine, est une experte de l’amour physique.
C’est aussi un film intimiste, poursuit-il, il ne fallait pas de musique trop intrusive. J’ai fait appel à un orchestre réduit de 50 à 70 musiciens, la moitié de la partition n’étant que pour cordes. Et j’ai donc utilisé un trio à cordes, emmené par l’alto dans le haut du registre, pour obtenir (paradoxalement) un son plus sombre.
Pour Chéri, Frears collabore pour la première fois avec le directeur de la photographie Darius Khondji. “Stephen est un réalisateur très visuel, dit Darius Khondji. Il sent ce qui sert et ce qui dessert l’atmosphère du film, mais contrairement à d’autres, il ne parle pas d’angles ou de positionnement de caméra. Chez Stephen, ce qui ressort le plus clairement, c’est l’atmosphère qu’il souhaite donner au film.
On a parlé contexte historique, ambiance, atmosphère, cachet, poursuit-il. Nos discussions ont porté sur les oeuvres de Max Ophuls et de Jean Renoir, et sur la peinture impressionniste. Colette est une romancière impressionniste. Mais je n’essaie jamais de singer la peinture, il faut vraiment que la référence à l’art soit subliminale, qu’elle imprègne l’atmosphère.
Le cadre du film - 1906, alors que l’Europe s’apprête à entrer dans la modernité - a également éclairé l’approche de Khondji. “Madame Peloux est enlisée dans le passé alors que Léa va de l’avant et le contraste entre ces deux personnages a influé sur l’éclairage. Dans la maison de Léa, la caméra est lumineuse, légère et mobile, libre. Mais quand on est chez Madame Peloux, lieu sombre, oppressant et chargé d’objets de prix mais vulgaires, la caméra est statique et lourde.
Alan MacDonald, qui avait travaillé avec Frears sur The queen a signé les décors. Il s’est plongé dans l’étude des premières années du 20e siècle pendant lesquelles le film se déroule et s’en est inspiré pour les univers contrastés de Léa et Madame Peloux.
Je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une période d’innovations, précise Alan MacDonald. Nous nous croyons novateurs, mais il y a un siècle, la société connaissait des changements radicaux avec le développement du rail, de l’électricité, de la photographie, de l’automobile et du téléphone pour n’en citer que quelques uns. Madame Peloux vit tout cela, tout en s’accrochant au passé, consciente des choses qui lui conviennent et désireuse de les conserver à jamais. Léa, elle, comprend les changements qui secouent la société.
Afin de mettre en contraste les deux domiciles du film, MacDonald s’est référé à des photographies pour l’intérieur de Léa et à la peinture impressionniste, post- impressionniste et symboliste pour celui de Madame Peloux. Alors que la maison de l’avide Madame Peloux regorge de mobilier luxueux, disparate et d’objets d’art et de bibelots criards des siècles précédents, la maison spacieuse et élégante de Léa reflète son goût impeccable pour l’art et le style moderne.
L’intérieur de Madame Peloux, filmé dans un château situé à 20 km de Paris, est bourré d’objets glanés chez des antiquaires et accessoiristes parisiens : oiseaux empaillés, trophées de chasse, tentures de velours, peaux de bêtes, candélabres et vases dorés, pendules et horloges surchargées, tables en marbre, couvertures et tapis brodés, lourdes carafes de cristal. Un concentré de bons revenus et de mauvais goût.
Il y a également un portrait de Madame Peloux dans ses jeunes années, ajoute Alan MacDonald. Ce portrait de très belle femme n’est plus qu’une relique de sa jeunesse et indique aux spectateurs le pouvoir que sa beauté lui donnait.
La maison de Léa est totalement différente. MacDonald et son équipe ont eu la chance d’avoir, comme lieu de tournage principal, une demeure conçue par Hector Guimard, l’architecte créateur des célèbres entrées art nouveau du métro parisien.
Léa a évolué avec son temps, explique Alan MacDonald, elle a adopté la modernité de l’art nouveau. Alors que la maison de Madame Peloux paraît énorme de l’extérieur, mais est composée de pièces minuscules, celle de Léa a un plan plus ouvert et plus fluide, grâce à ses pièces spacieuses. Les maisons Guimard ont été parmi les premières à avoir le chauffage central, aussi n’y avait-il pas de cheminées, ce qui permettait aux architectes d’ouvrir les pièces et ainsi de laisser la lumière se propager par des portes vitrées.


La décoration des pièces reflète l’attachement à la modernité de Léa. Plutôt que d’orner les murs de peintures, MacDonald les a recouverts de papier peint - reproduisant des motifs originaux de l’époque dans d’apaisants bleu, gris et lilas pastel - avec de rares et discrètes décorations murales. Puisque Léa a été débarrassée des contraintes du corset et de la crinoline, le mobilier est plus décontracté, tout en formes simples et lignes élégantes. MacDonald a également disposé des plantes et des fleurs pour décorer l’intérieur et souligner le contraste avec les bêtes mortes du logis de Madame Peloux.
Parmi les autres lieux de tournage, on trouve l’Hôtel du Palais à Biarritz, où Léa se réfugie et à Paris, l’hôtel Regina, l’église Saint-Etienne-du-Mont où Chéri et Edmée se marient et le légendaire restaurant Maxim’s qui a servi de doublure au restaurant du Dragon bleu, où Chéri passe ses soirées avec son meilleur ami, le vicomte Desmond.
La costumière Consolata Boyle s’est inspirée elle aussi du contraste existant entre les deux principaux personnages féminins du film. “Il y a un air de simplicité chez Léa, dit-elle, et les espaces aérés et raffinés de sa maison traduisent sa confiance en elle. C’est une femme au goût impeccable qui ne s’encombre pas d’objets. Elle ne manque de rien, mais n’en fait pas étalage contrairement à Madame Peloux.
Consolata Boyle a étudié les tableaux impressionnistes pour dessiner les costumes des personnages principaux. Tandis que les robes de Madame Peloux sont lourdes, sombres et richement brodées et ses chapeaux larges et tape-à-l’oeil, Léa porte des vêtements sobres et raffinés qui soulignent l’éclat et la beauté de sa silhouette.
Consolata Boyle a travaillé étroitement avec le chef maquilleur et coiffeur Daniel Phillips qui s’est particulièrement intéressé aux chapeaux de l’époque. Les coiffures légères de l’époque ont été alourdies pour Madame Peloux et il a choisi un style plus coquet et modeste pour Léa, en s’inspirant des tableaux de Gustav Klimt.
Pour habiller l’insaisissable Chéri, Consolata Boyle est partie non seulement de sa beauté physique, mais également des mondes de la danse, de la musique, du théâtre et de la culture que Léa lui fait découvrir. “Les jeunes Parisiens de ce temps-là étaient obsédés par les vêtements, les finitions et les tissus et étaient très sophistiqués. C’est fondamentalement un dandy.


***

Fiche technique
Réalisateur : Stephen Frears
Scénariste : Christopher Hampton
Directeur de la photographie : Darius Khondji
Chef décorateur : Alan Macdonald
Chef costumière : Consolata Boyle
Chef maquilleur : Daniel Phillips
Chef monteuse : Lucia Zucchetti
Compositeur : Alexandre Desplat
Producteurs : Bill Kenwright, Andras Hamori et Tracey Seaward

***





présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à
Claire Cortes

logos & textes © www.pathedistribution.com
photos © Cheri Production Ltd / Bruno Calvo

Publié dans PRÉSENTATIONS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article