* Erreur de la banque en votre faveur

Publié le par 67-ciné.gi-2009











Erreur de la banque en votre faveur comédie de Michel Munz et Gérard Bitton


















avec :
Gérard Lanvin, Jean-Pierre Darroussin, Philippe Magnan, Barbara Schulz, Jennifer Decker, Scali Delpeyrat, Roger Van Hool, Éric Berger, Éric Naggar, Martin Lamotte et Laurent Gamelon


durée : 1h38
sortie le 8 avril 2009

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Synopsis
Lorsque Julien Foucault, maître d’hôtel de la très vénérable banque d’affaires Berthin-Schwartz, apprend son licenciement, il y voit l’occasion de réaliser son rêve de toujours : ouvrir un restaurant avec son meilleur ami Etienne.
Pourtant, après 17 ans de bons et loyaux services, la banque lui refuse tout appui financier. Julien décide alors de tirer profit des informations confidentielles dont usent ses employeurs, mais ces derniers le prennent en flagrant délit d’initiés et décident de lui jouer un tour machiavélique...


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Entretien avec Gérard Lanvin et Jean-Pierre Darroussin
- : « Qu’est ce qui vous a donné envie d’incarner ces deux personnages, de vous lancer dans cette aventure ? »

Gérard Lanvin : « D’abord je dirais que l’usage fait briller le métal et devant l’insistance heureuse de la conviction de nos deux amis Michel Munz et Gérard Bitton, j’ai immédiatement répondu présent à l’appel, surtout pour jouer ce à quoi d’autres n’avaient jamais pensé pour moi, un maître d’hôtel. Après une rencontre convaincante, une lecture a fini le boulot. À cela s’ajoute le désir heureux de retrouver Jean-Pierre Darroussin pour partager avec lui et d’autres collègues les émotions joyeuses d’un tournage intelligent à l’image de nos deux patrons. »

Jean-Pierre Darroussin : « C’est vrai que Gérard et Michel donnent envie aux acteurs de se dépasser. Il y a quelques réalisateurs avec lesquels je sais, en acceptant de les suivre, que l’aventure sera aussi importante, voire plus importante que le résultat. C’est le cas avec Munz et Bitton, je sais que le tournage comptera autant que le film. En dehors du scénario, du propos, il y a des réalisateurs qui construisent un style, et au-delà de toute recherche cinématographique, touche les spectateurs, il s’en échappe une proximité, une familiarité, un lien participant à une lecture générale du cinéma. Je suis toujours ravi de participer à ce type de projets car il en émane une grande sincérité. Ce sont des films pensés pour les spectateurs pour les divertir, tout en suscitant une réflexion. J’apprécie leur regard, la façon caustique dont ils abordent la comédie, je me sens en osmose avec leur vision. »

- : « Vous avez été réunis à deux reprises sur Est-ce bien raisonnable de Georges Lautner et le film de Jean-Marie Poiré devenu culte depuis, Mes Meilleurs copains. Espériez-vous un jour vous retrouvez ? »

Gérard Lanvin : « Quand on aime, on ne compte pas dit-on. Si aujourd’hui il fallait remettre très vite le couvert avec Jean-Pierre, je n’hésiterais pas une seconde, c’est un partenaire brillant, calme, partageur et efficace, très à l’écoute de l’autre avec qui vous pouvez jouer la surprise. Il vous suit dans toutes vos directions de jeu, sans s’en inquiéter, en répondant simplement et justement. Il n’y a pas de meilleur dans nos exercices, c’est un métier où un barbier rase un autre barbier. Il n’y a qu’une chose à savoir et à retenir : quand tu veux danser vois à qui tu donnes la main. »

Jean-Pierre Darroussin : « Nous nous connaissons depuis longtemps et notre relation évolue de loin en loin. Nous nous voyons peu mais nous avons passé quelques bons moments ensemble. Gérard était déjà un acteur confirmé lorsque j’ai débarqué, frisé comme un mouton, sur Est-ce bien raisonnable, le film de Georges Lautner, je me souviendrai toujours de la chaleur avec laquelle il m’a accueilli. D’autres moments très intenses ont suivi, Mes Meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, notamment. Je ne sais pas si cette confiance et ce respect se ressentent lorsque nous jouons, il y a toujours dans le regard de celui qui observe son partenaire l’appréciation de l’autre. »


- : « Comment avez-vous appréhendé vos personnages ? »

Jean-Pierre Darroussin : « Ce sont des types qui n’ont pas fait d’études, qui ont appris sur le tas des métiers qu’ils aiment énormément. Des métiers qui les font vivre et les épanouissent pleinement. C’est là où ils sont les plus performants et compétents. Julien est maître d’hôtel dans une banque d’affaires privée, il travaille pour les plus grands de ce monde. Moi, je suis un cuisinier qui n’est pas reconnu à sa juste valeur, quelqu’un qu’il faut découvrir, qui a des talents cachés. Julien et Étienne sont amis parce qu’ils se reconnaissent, ils ont les mêmes origines, la même culture. Ils se comprennent comme des amis de longue date. Le personnage interprété par Gérard est le moteur du film. Grâce à lui, la vie d’Étienne s’illumine, il s’ouvre plus aux autres et s’en trouve du coup plus séduisant, s’impose plus facilement, ose. Julien, conscient de son talent, l’encourage et va lui donner la possibilité de s’épanouir. La plus grande qualité d’Étienne, outre d’être un excellent cuisinier est, d’avoir su rester fidèle à ce qu’il était. Sa générosité en fait un type séduisant, un peu en dehors du temps. »

Gérard Lanvin : « Ce sont effectivement deux personnages qui aiment faire plaisir ; l’un en faisant la cuisine, l’autre en servant les autres. Mon personnage a la volonté de se dépasser et de franchir la porte de son milieu social. Il est fier de fréquenter ses patrons et leur est totalement dévoué. Il est compétent mais prétentieux, terriblement naïf et va se sentir trahi par le comportement de ses partons. Il a cru que malgré ses origines modestes, il pourrait prétendre à faire partie d’un autre cercle, celui des gens de la banque, que son travail et son investissement seraient récompensés. Humainement le choc est terrible. Alors quand cette brèche s’ouvre, lui donnant à la fois la possibilité de réussir et de se venger, il s’y engouffre. Julien et Étienne ont en commun la générosité et un réel respect l’un pour l’autre. La très belle amitié qui les lie est le pilier de l’histoire. Lorsque Julien retrouve enfin sa liberté, ils peuvent aller de l’avant ensemble, et cette fois, se battre pour eux, mais pas seulement. Ils ont la volonté de partager « ce coup de pouce du destin » et aident les habitants de leur quartier à s’en sortir. C’est le piquant du récit et c’est là où Munz et Bitton ont su faire part d’une réelle intelligence dans leur écriture et dans leur façon d’aborder les rapports humains, puisque Étienne finit par pousser Julien à continuer ses opérations financières. Ils réussissent à faire d’un personnage aussi gentil et chaleureux qu’Étienne, l’espace d’un instant, un personnage de la même trempe que ceux qu’il a toujours détestés. »

- : « Quel regard posez-vous sur le délit d’initié, le rapport à l’argent et l’implication des banques au sein de la société, tels qu’ils sont décrits par les auteurs ? »

Jean-Pierre Darroussin : « C’est une approche qui n’est, malheureusement, absolument pas caricaturale. Nous traversons une époque de totale insécurité. Nous avons peur de nous exprimer ou de résister. Pour fonctionner, certaines règles du système capitaliste doivent être respectées par tout le monde, au moins par ses promoteurs, or ceux qui pratiquent certaines opérations financières frauduleuses, comme le délit d’initié, en brisent l’organisation. Ils devraient donc être poursuivis, réprimés avec sévérité, mais ce n’est pas le cas. »

Gérard Lanvin : « Ce qui se passe à l’heure actuelle est tout simplement terrifiant et le plus inadmissible est que nous en pâtissons tous. S’il faut avoir certaines compétences pour se lancer dans un délit d’initié, nous en rêvons évidemment tous. Ce serait magnifique de pouvoir ainsi gagner de l’argent aussi facilement, oublier ses difficultés, en profiter. Il n’en reste pas moins que c’est une honteuse escroquerie. S’il existait un César du mépris, ceux qui se vouent à de tels délits pourraient le remporter. C’est d’autant plus grave que tout le système se fonde dessus et qu’il n’y a, du coup, plus aucune confiance. La course au meilleur a créé une génération d’escrocs prétentieux, prêts à faire croire n’importe quoi à n’importe qui et à n’importe quel prix. Nous vivons dans une société irresponsable pleine de faux-semblants et de faux-culs où l’on réussit même à nous vendre des clopes qu’on nous empêche de fumer. »

- : « Quelles sont aujourd’hui les valeurs qui pourraient permettre de supporter cette réalité ? »

Gérard Lanvin : « Supporter cette réalité !? Mais cette réalité est insupportable sans le respect des valeurs humaines fondamentales. Il n’y a plus d’espoir. La raison a disparu, la raison est pour moi l’intelligence qui choisit la sagesse. L’homme n’a plus de conscience. »

Jean-Pierre Darroussin : « La naïveté peut aujourd’hui paraître essentielle au coeur d’un monde devenu complexe et confus. La confusion génère souvent de l’anxiété pouvant entraîner certaines dérives. Il n’y a pas que le délit d’initié et ceux qui s’y adonnent savent aussi manier les foules. Quelle est la seule arme face à cela si ce n’est la naïveté ? Il n’y a pas d’autre terrain où se battre que celui de la naïveté et de la vulnérabilité. »


- : « Entre ces deux personnages se glissent avec puissance deux silhouettes féminines, qu’apportent-elles au récit ? »

Gérard Lanvin : « Julien a passé sa vie à se mettre au service des autres et il a renié ainsi sa propre liberté, sa propre existence. Il ne ressent étrangement plus aucun désir. Sa seule perspective, depuis de nombreuses années, n’est centrée que sur les désirs de ses patrons et celui de leur plaire, d’avoir toute leur considération en se montrant exemplaire dans son travail. Lorsqu’il croise le personnage interprété par Barbara Schulz, cette histoire d’amour va le dérouter. Il a trop donné aux autres et ne croit plus en lui, il n’est pas préparé à cette rencontre. Le monde d’aujourd’hui ne laisse plus de place au hasard et ces hasards qui scandent le film lui apportent une douce légèreté. Étienne ne s’attend pas non plus à vivre une histoire d’amour avec la jeune serveuse qu’il côtoie depuis plusieurs mois. Il faut se laisser surprendre, ne pas calculer et ce que j’aime dans ce film, ce sont justement les surprises qu’il nous réserve. Le couple que forment Jean-Pierre et Jennifer est ainsi un couple formidable, un couple qui fait rêver. Je ne suis pas choqué par leur différence d’âge. Je les trouve sincères, adorables, heureux ensemble. »

Jean-Pierre Darroussin : « Aujourd’hui la différence d’âge dans un couple n’est plus aussi choquante qu’avant, la société accepte plus facilement ce genre d’écart. Étienne est un peu lunaire et ne respecte pas les normes établies par une société ronronnante, certaine de fonctionner dans le bon sens. Une société d’ailleurs tellement normative qu’elle a créé un système de récompenses sociales générant de nombreuses jalousies, de nombreuses rancoeurs. »

- : « Vous étiez face à deux réalisateurs vous dirigeant ensemble. Ce n’est pas déroutant de se retrouver ainsi face à deux voix différentes ? »

Gérard Lanvin : « Si. J’étais légèrement inquiet le premier jour, mes inquiétudes se sont immédiatement dissipées. Il y a une telle complicité entre eux, une telle humilité et un tel recul qu’il n’y a finalement plus qu’une seule et même voix, très harmonieuse. Ils sont disponibles, composent ensemble et se complètent parfaitement. Il en découle une très belle communion sur le plateau. C’est très agréable. Ils sont ouverts et très sensibles à la surprise en attente des propositions des acteurs, ce qui est de plus en plus rare. »

Jean-Pierre Darroussin : « En général, sur un tournage, nous nous retrouvons souvent confrontés à d’étouffantes problématiques égocentriques, renforcées par de nombreuses pressions. On se sent souvent, humilié, rabaissé. Munz et Bitton, au contraire, amènent autre chose, il n’y a aucune revendication narcissique et ont une étonnante sérénité. La complicité de nos personnages à l’écran émane, en grande partie, de la personnalité des réalisateurs. Ce sont des crèmes. J’adore ce plaisir qu’ils prennent à parler de tout et de rien, à commenter l’actualité, à la décrypter, c’est jubilatoire de les écouter. En écrivant, ils ne recherchent pas l’artifice, ils ne singent pas, ils s’inscrivent dans des rapports sains et sincères. Mais ce qui compte pour moi c’est également leur propos. Ils dénoncent en s’amusant et s’inscrivent ainsi dans une tradition française datant des pièces de Molière. Ils construisent leurs personnages avec une véritable complexité humaine. Si ils sont souvent caustiques ou corrosifs dans leurs observations, leurs portraits restent baignés d’amour et de tendresse. Ce sont de profonds humanistes. Même si le monde est pourri, leur film appelle à espérer. »


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Fiche technique
Réalisateurs : Gérard Bitton et Michel Munz
Scénario : Gérard Bitton et Michel Munz
1ère assistante réalisateur : Laure Monrréal
Scripte : Laurence Lemaire
Directeur de casting : Pierre Jacques Bénichou
Régisseur général : Vincent Piant
Chef opérateur/cadreur : Éric Guichard
Photographe de plateau : David Koskas
Making of : Jules Gassot
Chef Opérateur Son : Marc Antoine Beldent
Créatrice de costumes : Nathalie du Roscoat
Chef maquilleuse : Géraldine Kéchichian
Coiffeuse/perruquier : Sarah Guetta
Chef décorateur : Émile Ghigo
Chef monteuse : Maryline Monthieux
Consultant musical : Marc Hillman
Compositeur : Michel Munz
Producteur : Charles Gassot
Productrice exécutive : Dominique Brunner
Directeur de production : Daniel Delume
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Réalisation et scénario : François Ozon
Librement adapté de : MOTH de Rose Tremain (Éditions Plon)
avec la collaboration de : Emmanuèle Bernheim
Image : Jeanne Lapoirie, Afc
Son : Brigitte Taillandier
Décors : Katia Wyszkop
Costumes : Pascaline Chavanne
Maquillage : Gill Robillard
Coiffure : Franck-Pascal Alquinet
1er assistant réalisateur : Hubert Barbin
Scripte : Clémentine Schaeffer
Casting : Sarah Teper (a.r.d.a) et Leila Fournier
Casting enfants et figuration : Anaïs Duran
Montage : Muriel Breton
Montage son : Olivier Goinard
Mixage : Jean-Pierre Laforce
Graphiste effets visuels : Georges Bouchelaghem
Superviseur Sfx mécaniques : Pascal Molina
Effets visuels : Buf
Cascadeurs : Pascal Guégan et Marc Bizet
Photographe de plateau : Jean-Claude Moireau
Musique originale : Philippe Rombi
Production : Claudie Ossard et Chris Bolzli
Direction de production : Philippe Delest
Crédits photos : D. Koskas Pap

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Suzanna Nilstam
www.wildbunch-distribution.com

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Publié dans PRÉSENTATIONS

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