* Plus tard tu comprendras

Publié le par 67-ciné.gi-2009











Plus tard tu comprendras drame de Amos Gitaï

















d’après le roman de Jérôme Clément




avec :
Jeanne Moreau, Hippolyte Girardot, Dominique Blanc, Emmanuelle Devos, Denise Aron-Schropfer, Daniel Duval, Samuel Cohen, Mouna Soualem, et la participation de Claire Magnin, Annie Mercier, Serge Moati, Patrick Klugman et Max Denes


durée : 1h28
sortie le 21 janvier 2009

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Synopsis
Paris, aujourd'hui ; Victor, un homme d'une quarantaine d'années, seul, se recueille devant un grand mur où l'on devine des noms
gravés. Le mur à la mémoire des déportés.
Paris, 1987. Alors que le procès de Klaus Barbie est retransmis en direct, on découvre Victor entouré de documents où il tente de
découvrir la vérité à propos de son passé familial.
De son côté, Rivka, sa mère, s’active à préparer un repas. De la télévision, on entend très distinctement le début du même procès, le
témoignage d’une rescapée. Lors du diner, Victor tente de faire parler sa mère qui s’y refuse. Elle fait mine de ne rien entendre ou
change de conversation, elle veut finir tranquillement sa vie, au milieu d’objets et de souvenirs et entourée de ses enfants et petits
enfants. Son attitude ne fait que renforcer l’agitation de Victor. Sa femme Françoise va le soutenir dans cette reconquête de la mémoire
familiale.


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Interview d’Amos Gitaï
Cyrille Latour : « Avec Plus tard tu comprendras, vous apportez une nouvelle touche à une oeuvre traversée par la question de la mémoire, de l’identité, du territoire… »

Amos Gitaï : « A 17 ans, je suis venu passer quelque temps à Paris. Je me souviens d’un dîner avec un historien français qui s’était lancé dans la défense du Maréchal Pétain, expliquant qu’il avait agi en vrai patriote car il était absolument impossible de s’opposer directement aux Allemands sans risquer la destruction du pays entier. Selon lui, la décision de collaborer de Pétain avait été un choix intelligent et efficace. J’ai été évidemment choqué, mais son point de vue m’a ouvert les yeux. Le destin des juifs n’avait aucune place dans son raisonnement. Il considérait la situation du point de vue de la France et des Français, faisant complètement abstraction des juifs français. Au cours des années, le gouvernement français et les Français ont changé d’attitude concernant le passé et les crimes du régime de Vichy. Ces questions restent problématiques et le pays est toujours hanté par ses fantômes. »

Cyrille Latour : « Comment abordez-vous cet épisode spécifique de l’histoire française ? »

Amos Gitaï : « Le roman de Jérôme Clément permet d’explorer les relations des Français à leur passé, particulièrement parce que sa famille paternelle était catholique française et que celle de sa mère était juive d’origine russe. Un bref flash-back sur le destin des grands-parents déportés hante le roman qui se passe pendant le procès Barbie dans les années 80. Il me semblait important de laisser ouvert le sujet de l’holocauste. Le film se termine par une scène concernant la commission destinée à dédommager financièrement les familles juives spoliées par le régime de Vichy. Une blessure qui ne guérira pas... »

Cyrille Latour : « Pourquoi raconter cette histoire aujourd’hui ? »

Amos Gitaï : « Je vois ce film comme une sorte de psychanalyse collective. Le cinéma – celui que je pratique – est un moyen de toucher des nerfs encore à vif. Ce qui suppose de le faire de manière sensible. Des films comme Plus tard ouvrent, à mon sens, un véritable dialogue entre passé et futur. La grande question actuelle est celle de la transmission. Je rejoins, à cet égard, les propos d’Aharon Appelfeld. Ce grand écrivain israélien estime que, avec la disparition des derniers témoins directs de la Shoah, cette transmission ne peut se faire désormais qu’à travers l’art, l’écrit, le cinéma, la peinture... »


Cyrille Latour : « Plus tard repose sur des figures très caractéristiques de votre style (les plan-séquence, par exemple) qui elles aussi traversent l’espace et le temps, comme un écho à cette question de la transmission. Parlez-nous de votre approche formelle. »

Amos Gitaï : « La première fois que j’ai réuni Jeanne Moreau, Dominique Blanc, Emmanuelle Devos et Hippolyte Girardot, je leur ai expliqué que Plus tard tu comprendras devait reposer sur le non-dit. Voilà qui paraît assez clair comme ça, mais comment en faire un film ? Le cinéma participe justement du principe inverse : montrer, dire, voir. Une émotion me touche quand elle est intérieure, contenue, maîtrisée. Je déteste tout ce qui ressemble à de l’hystérie. Ça ne m’intéresse pas et ça ne me parle pas. Aussi ai-je souhaité pour Plus tard une approche tout en retenue. Et à mon sens, pour susciter ce type d’émotions, il faut jouer sur le temps, s’inscrire dans la durée : c’est exactement ce que permet le plan-séquence. »

Cyrille Latour : « En réponse à ce temps, vient évidemment la notion d’espace. La mémoire des lieux et des événements est révélée par de longs travellings… »

Amos Gitaï : « J’utilise l’architecture comme une sorte de voile qui séparerait les divers fragments de la mémoire. J’aime que, d’une certaine manière, les acteurs se fondent dans l’espace, qu’ils jouent en ayant une conscience intime des limites, des frontières de leur environnement. Des semaines avant le début du film, nous avons ainsi pris possession de l’appartement de Rivka dans lequel nous allions tourner. Le cinéma est un rite moderne et j’ai toujours eu pour habitude de solliciter de la sorte l’investissement de mes comédiens. J’ai eu de la chance : Jeanne, Dominique, Emmanuelle et Hippolyte se sont considérablement impliqués dans Plus tard tu comprendras »

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Note d’intention de Jérôme Clément
Jérôme Clément : « Dans les années 80, Rivka a compris qu’elle ne pourrait plus fuir la vérité. Le procès Barbie lui a permis de comprendre que l’histoire se réveillait et, finalement, changeait. Il ne s’agissait plus d’un problème personnel, mais d’un changement de contexte historique auquel on ne pouvait échapper. Comment Barbie avait-il pu vivre en liberté en Bolivie ? Cette situation allait changer dans les années 80 et de nouvelles questions allaient surgir : Que faisions-nous pendant cette période ? Qu’avaient fait nos parents ? Que c’était-il réellement passé ? L’amnésie s’est transformée en un douloureux questionnement. Rivka n’allait pas échapper à ce mouvement. Elle est intelligente et elle comprend. Elle sait aussi qu’elle va mourir et que sa dernière mission est de révéler la vérité. Victor hérite d’une situation complexe qu’il a ignorée pendant le premier tiers de sa vie. Il est Français et veut être comme les autres, malgré le passé de sa mère. Il ne s’intéresse pas au judaïsme. Même s’il les apprécie, il trouve que les Russes sont bizarres. En fait, il est assez dérangé par sa famille maternelle. Même s’il adore sa mère, il se sent mal à l’aise avec sa famille. Ses sentiments sont assez ambivalents. Conformément aux voeux de ses grands-parents paternels, mais aussi ceux de sa mère Rivka, il a été élevé dans la religion catholique, ainsi que sa soeur Tania. Victor et Tania sont proches, même s’ils ne partagent pas la même interprétation de leur histoire personnelle. Victor a fait des études brillantes et il connaît le succès professionnel. Tout le reste est secondaire. Les questions d’identité ne l’intéressent pas. Il va épouser Françoise, une française catholique. Mais ni Victor, ni Rivka ne peuvent échapper à l’histoire, ni même à la leur, elle va les rattraper. La mort prochaine de Rivka va l’obliger à regarder la vérité en face, même si elle utilise des moyens détournés. Il lui est très difficile d’avouer directement à Victor ce qu’elle lui a caché toute sa vie. Il est très difficile pour Victor de comprendre ce que sa mère veut lui dire car c’est une remise en question totale des fondements de sa personnalité. Il en résulte une crise sérieuse, un remise en question profonde à laquelle il fera face comme il peut. Il comprendra peu à peu cette nouvelle vérité qui est la sienne. Plus tard tu comprendras, lui disait sa mère. »


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Fiche technique
Réalisation : Amos Gitaï
Scénario : Dan Franck, Jérôme Clément d’après le roman de Jérôme Clément (Ed. Grasset Fasquelle)
Adaptation : Marie-José Sanselme, Amos Gitaï
Musique : Louis Sclavis
Image : Caroline Champetier
Décors : Manu de Chauvigny
Scripte : Clémentine Schaeffer
Costumes : Moïra Pietton-Douguet
Producteur délégué : Serge Moati
Produit par : Nicole Collet
Directeur de production : Jean-Marc Abbou
1er assistant réalisateur : Julien Zidi
Conseiller de production : Laurent Truchot
Montage : Isabelle Ingold
Son : Erwan Kerzanet
Montage son : Séverin Favriau
Bruitage : Nicolas Becker
Mixage : Stéphane Thiébaut
Directeur de la fiction France 2 : Jean Bigot
Direction artistique fiction France 2 : Marie Dupuy d’Angeac
Production : Image et Compagnie (France) et Norddeutscher Rundfunk (Allemagne)
Avec le soutien de : Cnc, Région Ile de France

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présentation réalisée avec l'aimable autorisation de



remerciements à
Maurice Tinchant et Grégory Pétrel
logos, textes & photos © www.pierregrise.com





avec l'aimable autorisation de

remerciements à
Élodie Deglaire
logos, textes & visuels © www.grasset.fr

Publié dans PRÉSENTATIONS

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